Allahshokr Assadollahi; Mina Darabi Amin
Volume 8, l’édition 14 , Décembre 2014, , page 71-86
Résumé
Le narrateur proustien – comme d’ailleurs l’auteur lui-même – est élevé dans un milieu familial et social où l’intelligence ...
Le narrateur proustien – comme d’ailleurs l’auteur lui-même – est élevé dans un milieu familial et social où l’intelligence était hautement valorisée et appréciée. Pour lui, comme pour le philosophe Gilles Deleuze, « rien ne donne plus à penser que ce qui se passe dans la tête d’un sot » (2003, 101). C’est ainsi qu’A la recherche du temps perdu, souvent considéré comme le magnifique monument littéraire construit sur le temps, l’amour et la création artistique, ne perd rien à être envisagé comme une Encyclopédie –moderne– de la bêtise humaine. Par exposition d’une vaste variété de portraits et de discours bêtes et en en faisant un sujet de rire, le narrateur proustien trouve son propre moyen artistique afin de « nuire à la bêtise ». Au niveau philosophique, seule la formation de la pensée peut expliquer celle de la bêtise. Nous croyons que ce genre de la bêtise philosophique a également ses effets sur le plan discursif et communicationnel ; car, avant de se traduire en actes, c’est dans le discours que la bêtise se saisit. Elle y prend les formes les plus caricaturales, et fait ainsi tomber le discours dans l’automatisme du cliché et des idées reçues. Dans la démarche qui consiste à analyser la bêtise du discours des personnages, nous avons pris en compte aussi bien la dimension liée à la reconstitution de la bêtise dans la parole que celle liée à la réussite ou à l’échec des énoncés dans un échange conversationnel.